OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les data en forme http://owni.fr/2012/09/04/les-data-en-forme-episode46-merci-marie/ http://owni.fr/2012/09/04/les-data-en-forme-episode46-merci-marie/#comments Tue, 04 Sep 2012 10:12:00 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=119387 Owni prend la route avec l'ami Kerouac, se met plein de bulles data dans la tête, plonge dans des océans perpétuels un peu planants et ouvre bien grand les yeux sur ce fichu pétrole, source de tous nos maux passés et à venir.]]> Jack Kerouac a écrit son fameux roman Sur la route en trois semaines sur un rouleau de téléscripteur de 35 mètres de long. D’un trait. Sans marge ni paragraphe. C’est à partir de là que Stefanie Posavec (qui a déjà bossé avec David McCandless sur l’infographie “Droite/Gauche“, si si, vous connaissez sûrement) a eu l’idée de cette très jolie infographie.

La méthodologie est simple : chaque mot du bouquin vaut 0,85 millimètre et chaque nouvelle phrase est célébrée par un virage à droite. Tandis que chaque sujet est fêté par un changement de couleur. Le résultat est juste fascinant. On allait dire planant.

Walmart partout, Walmart nulle part

On reste chez l’Oncle Sam, en moins poétique, pour la prochaine dataviz qui s’appelle “l’invasion Walmart“, du nom de ce “petit” supermarché étasunien qui superdomine le paysage de superconsommation de l’autre côté de l’Atlantique. À l’origine, un journaliste économique qui met à disposition un jeu de données [en] avec la localisation géographique de tous les magasins de la marque aux USA avec leur date d’ouverture. Plusieurs projets ont pu voir le jour grâce à cette libération de données. Et notamment celle du biostatisticien Corey Chivers [en], qui a pondu avec le logiciel R une visualisation de l’évolution de l’ouverture des magasins Walmart à travers le temps et l’espace. Le résultat est plutôt… moche, mais l’important est l’intention et l’efficacité. La couche de beau peut (ou pas, avis aux gmappeurs) venir dans un second temps.

Titi et le beau Romney

Ouvrons à présent la minute “Elections US” (ça va être data-tendu jusqu’en novembre, autant se le dire). Facebook et CNN s’associent pour délivrer leurs “aperçus” de l’élection en dressant une application interactive rouge et bleue [en] qui suit la popularité des candidats Obama et Romney (ainsi que leur vice-président) sur le plus social des réseaux. Le dispositif n’est pas révolutionnaire (cela dit, on est sur CNN, donc le risque de révolution était faible), mais il est proprement réalisé. La vérité, si c’est sur Facebook que la Maison Blanche se joue… ça va être serré.

Des bulles des bulles des bulles

Toujours aux States. Les élections vues par le New York Times, avec cette très belle dataviz décrivant “le chemin qui se construit vers la victoire” grâce à une série d’hypothèses en bulles [en] : chaque état est représenté par une couleur (bleue pour Obama, rouge pour Romney) de différente intensité selon la “solidité” de l’électorat vis-à-vis du candidat. Selon les scénarios proposés, on découvre la situation des deux partis au regard des possibilités : où sont les états qui peuvent faire pencher la balance, quel a été le comportement de ces états-clés il y a 4 ans, etc. Une belle brochette de “au cas où” qui permet d’anticiper les enjeux de manière très claire. Bref, du gros NYTimes comme on l’aime.

Autre exercice délicieux proposé par le roi du datajournalisme, cette couverture de la convention républicaine par le biais d’une analyse lexicale [en] joliment rendue via… des bulles, ici aussi.

Le principe : récupérer le verbatim de tous les discours de la fiesta éléphantesque chez Federal News Service et mettre en scène les mentions des différents concepts, thèmes, personnalités sous forme d’une visualisation épurée. Le nuage de mots-clés en version interactive, où le clic sur la bulle affiche l’ensemble des mentions situées dans l’ensemble des discours. Du bel œuvre – qui ravira même les enfants, les bulles pouvant être déplacées.

Pour en finir avec les bulles, une petite dernière pour la route, cette infographie sur les Jeux paralympiques [en] concoctée par The Telegraph. Techniquement moins impressionnante que les deux premières visualisations (on pourra notamment regretter l’emploi du Flash), elle part toutefois d’une bonne intention de vouloir offrir une lecture synthétique de l’information. Ce qui est quand même ce qu’on demande prioritairement à ce type de prestation. L’application est par ailleurs mise à jour toutes les 5 minutes.

Apparemment le courant passe

La NASA, ce n’est pas que des photos de Mars en haute résolution ou des clichés photoshopés de l’autre bout de l’univers. Un des nombreux satellites en orbite est un pourvoyeur infatigable de big data, traitées et mise en animation par le Studio de Visualisation Scientifique (SVS).

Et, parmi leurs nombreux projets, celui – fascinant – répondant au petit nom de ECCO pour Estimation de la Circulation et du Climat des Océans, dont on vous a déjà parlé en avril. En un mot : comprendre comment fonctionnent les courants marins grâce à des modèles mathématiques bien costaud et un rendu tout autant trapu. Le résutat : le (petit) film Perpetual Ocean, hypnotisant.

Pour compléter cette mise en joie, on pourra désormais mieux appréhender les tenants et les aboutissants du projet grâce à l’entretien du patron su SVS [en] réalisée par Mashable.

Pas d’inquiétude, on a PLEIN de pétrole

Et on va rester dans le film d’animation pour refermer cette veille avec le petit travail data-engagé [en] de l’institut PostCarbon qui s’insurge à sa manière contre une forme de négation du peak oil (le pic pétrolier) qu’il considère comme de la propagande consumériste. Et qu’il tente – avec ses moyens – de contrer en usant de son indéniable talent de narration. On se laisse donc envoûter par ce petit objet drôlement bien fait, même si ça cause anglais.

Lecture de la rentrée

Chez Owni et principalement au pôle “data”, on aime beaucoup la cartographie. On ne saurait donc mieux vous conseiller de lire l’interview de Gaël Musquet, président d’OpenStreetMap France chez nos amis de Data Publica. Un intéressant rappel de l’origine du projet, des difficultés rencontrées, des relations avec les gros acteurs de la carto, de l’avenir d’OSM. Palpitant.

Et enfin – après c’est fini, promis – ce 46e épisode des Data en forme est fortement dédicacé à la sémillante Marie Coussin (#FF @mariecoussin) qui brilla de mille feux durant 18 mois sur le journalisme de données à la sauce Owni, et qui poursuit désormais sa route à elle sur d’autres jolies sinuosités. So Long, and Thanks for All the Fish.

Bonne data-semaine à tous !


Tous les épisodes précédents des Data en forme.
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La petite révolution de l’intelligence collective http://owni.fr/2012/05/04/la-petite-revolution-de-lintelligence-collective/ http://owni.fr/2012/05/04/la-petite-revolution-de-lintelligence-collective/#comments Fri, 04 May 2012 13:29:36 +0000 Anaïs Richardin http://owni.fr/?p=108934

Le jeu est un élément important de notre société et nombreux sont ceux qui voient l’évolution vers l’homo ludens (homme qui joue) comme sa caractéristique majeure. Partant de ce constat, de nombreux chercheurs organisent la première conférence internationale dédiée à l’exploitation de l’intelligence collective à travers le jeu. Intitulé “Harnessing collective intelligence with games“, ce premier workshop se tiendra en septembre 2012 en Allemagne. Il vise à approfondir la question émergente de l’utilisation de larges groupes de participants pour réaliser certaines tâches par le biais du jeu, véritable catalyseur d’intelligence collective.

Il sera question de crowdsourcing et de crowdsolving, d’human computation et de bien d’autres phénomènes aux noms barbares difficiles à traduire en français. Pourtant ils décrivent tous une tendance que l’on tend de plus en plus à adopter : la combinaison des capacités de l’intelligence humaine et des puissances de calcul numériques  Puisque l’être humain a encore l’apanage de certaines facultés comme le jugement esthétique, la prise de décisions basées sur l’intuition, le raisonnement critique etc, autant les mettre à profit. Mais à l’inverse des ordinateurs qui ne nécessitent que d’un peu d’électricité pour fonctionner, les humains ont besoin d’être en permanence motivés pour leur contribution. Une motivation qu’ils pourraient trouver dans le jeu et ses mécaniques.

Pour Markus Krause, doctorant de l’université de Brème travaillant sur l’intelligence collective et son utilité publique, humains et machines doivent travailler main dans la main :

La combinaison des aptitudes intellectuelles humaines et de la puissance des ordinateurs pour stocker et diffuser les données peut être un modèle très efficace pour venir en aide à l’humanité

Le crowdsourcing (utilisation de nombreuses personnes pour réaliser une tâche) a vu le jour dans un article de Jeff Howe pour le magazine Wired en 2006. Si le mot était une nouveauté, ce qu’il décrivait en revanche existait depuis longtemps.

Tout a commencé avec les CAPTCHAs créés par Luis Von Ahn de l’université Carnegie Mellon au début des années 2000. Si vous avez déjà ouvert une boîte mail ou rempli un formulaire en ligne, alors il y a de fortes chances que vous connaissiez les CAPTCHAs. Ce sont des petits tests qui permettent de différencier un utilisateur humain d’un ordinateur, empêchant les robots malveillants d’envoyer des réponses automatisées dans le cas de sondage, le phishing et toute autre activité de spam ou d’extraction de données. Ce test est basé sur la capacité d’analyse de l’humain. Deux suites de lettres sont présentées, parfois distordues pour rendre leur analyse possible aux humains mais difficile aux robots. Lors d’une conférence TED, Luis von Ahn a expliqué s’être demandé comment utiliser le temps passé à déchiffrer les CAPTCHAs dans un but précis et utile à tous. Une réflexion qui l’a conduit à créer reCAPTCHA, aujourd’hui universellement utilisé :

200 millions de CAPTCHAs sont tapés chaque jour à travers le monde. Avec une moyenne de dix secondes par CAPTCHA, cela fait 555 000 heures par jour. Pendant ces dix secondes, votre cerveau fait quelque chose d’extraordinaire, il réalise quelque chose dont sont incapables les ordinateurs. Je me suis alors demandé si on pouvait faire quelque chose d’utile de ces dix secondes. Il y a des problèmes que les ordinateurs ne peuvent résoudre mais que, d’une certaine manière, nous pouvons diviser en morceaux de dix secondes et chaque fois que quelqu’un tape un CAPTCHA, il résout une partie du problème. Désormairs, quand vous tapez un CAPTCHA, non seulement vous vous identifiez comme humain mais en plus vous nous aidez à numériser des livres.

C’est ainsi que ReCAPTCHA est né. Racheté par Google en 2009, ce système permet en effet d’analyser les parties de livres numérisés par Google Books que la reconnaissance optique (OCR) ne parvient pas à déchiffrer (environ 20% d’un texte). Sur les deux suites de lettres proposées, il y a un CAPTCHA déjà vérifié par l’OCR qui permet de vous identifier comme humain et l’autre, dont la signification est incertaine et que vous allez déchiffrer. Pour Luis von Ahn, le logiciel est un vrai succés :

Nous sommes en moyenne à 100 millions de mots numérisés par jour, ce qui nous donne 2,5 millions de livres par jour. Près de 10% de la population mondiale soit 750 000 000 personnes ont aidé à la numérisation des livres jusqu’à présent.

Et son ambition l’a mené bien plus loin qu’à la numérisation de livres. Lors d’un entretien avec un journaliste de Wired, Luis von Ahn a confié :

En fait, je voudrais rendre l’humanité plus efficace en mettant à profit le temps gâché

Le temps gâché ou ces moments d’oisiveté auxquels nous nous adonnons tous seraient donc sa cible, pour notre plus grand bien. En 2008, il crée les Games with a Purpose (GWAP), des petits jeux en ligne qui servent un objectif autre que la distraction. En jouant aux GWAP, les utilisateurs pallient l’incompétence des ordinateurs dans la réalisation de certaines tâches. Chaque joueur est aléatoirement associé à un autre et l’équipe constituée a un temps limité pour gagner le maximum de points. Le jeu ESP par exemple, vise à légender des images. Une même image est présentée aux deux joueurs qui doivent proposer des mots-clés précis. Lorsque les deux joueurs proposent la même légende, celle-ci est enregistrée et l’image suivante apparaît. Il y  a une interaction entre les joueurs qui les poussent à revenir vers ces jeux simples qui permettent de déchiffrer le web et le rendre plus complet.

De nombreuses entreprises et institutions publiques ont suivi cet exemple et ont préféré mettre à profit la capacité de traitement d’information de cerveaux humains plutôt que d’ordinateurs. La NASA a ainsi décidé de faire appel aux humains pour l’aider à gérer le flot d’informations et de données qu’elle reçoit et créer une base de données. Avec le jeu ZOOniverse, les utilisateurs sont notamment invités à analyser la taille et la profondeur des cratères de la Lune, permettant à la NASA de les répertorier. Une sous-traitance non négligeable, gratuite et efficace là où même les algorithmes les plus puissants échouent.

Mais le crowdsourcing ne s’arrête pas à la simple analyse d’image, comme l’expliquait Adrien Treuille, créateur de Fold.it, lors d’une conférence Solve for X :

Lorsque l’on pense crowdsourcing, on pense à la réalisation de tâches simples comme la reconnaissance d’images et de motifs mais avec un groupe important de personnes qui travaillent avec des données et de l’intelligence artificielle, il est possible de résoudre des problèmes qui se trouvent à la limite de la connaissance humaine

C’est ce qui s’est passé avec Fold.it (Plie-le), un jeu développé par des universitaires américains qui a permis de découvrir la structure d’une enzyme qui joue un rôle clé dans la propagation du VIH. Ce qui avait bloqué les scientifiques pendant 10 ans fut résolu en 10 jours par 40 000 personnes qui ont joué à ce jeu en ligne. Les résultats obtenus par les joueurs pourraient constituer une percée majeure dans le traitement du virus. Un cas d’école de la force de l’intelligence collective catalysée par le jeu et chaque participant s’est vu crédité aux cotés des scientifiques pour cette avancée significative.

En 2006, Thomas W.Malone, directeur du Centre pour l’intelligence collective du prestigieux MIT se demandait :

Comment peut-on connecter des personnes et des ordinateurs pour que, collectivement, ils agissent avec plus d’efficacité que n’importe quel individu, groupe, ou ordinateur ne l’a jamais fait ?

Pour Luis von Ahn, le secret est simple : transformer des problèmes complexes en jeux, simples et addictifs. Une recette qui a certainement permis le succès des GWAP.

Ce type de jeu repose aussi sur des experts qui, jusque là s’ignoraient, comme l’a expliqué Adrien Treuille lors de la conférence Solve for X:

Foldit a permis de filtrer des centaines de milliers d’internautes et de trouver ceux qui ont une véritable expertise dans la réalisation de certaines tâches. Je peux imaginer que dans le futur, alors que des défis se présenteront à nous, nous pourrons inventer des jeux et des puzzles qui reposent sur les aptitudes requises, et trouver les personnes qui seront des experts pour ce type de problèmes.

Cliquer ici pour voir la vidéo.


Dans cette même veine de jeux scientifiques, l’université McGill au Canada a crée un jeu, Phylo, qui fait appel aux capacités humaines pour arranger les séquences ADN et ainsi participer à la recherche génétique. Les séquences ADN, transformées en formes géométriques colorées doivent être alignées et les formes similaires doivent être associées les unes aux autres tout en évitant les trous qui symbolisent les mutations. Pour les concepteurs du projet, la combinaison humains/ordinateur permet d’obtenir de meilleurs résultats :

Les solutions générées par les utilisateurs peuvent être utilisées pour améliorer la qualité des alignements calculés par les algorithmes classiques. Ces résultats ne montrent pas que l’homme est meilleur que la machine mais plutôt que nous avons une symbiose entre l’humain et l’ordinateur

Dans ces jeux où l’on fait appel à l’intelligence collective, les leviers de l’engagement sont nombreux. La reconnaissance sociale par les pairs, la réputation et l’interaction humain-ordinateur jouent un rôle important dans les jeux qui participent d’une avancée scientifique. Cependant la gratification ou les mécaniques du jeu telles que la géolocalisation, la collaboration ou encore les missions sont des ressorts de bien d’autres jeux qui font appel au crowdsourcing.

Le projet Noah par exemple est une application qui permet à ses utilisateurs de contribuer à l’élaboration d’une documentation sur la vie sauvage de leur lieu de vie. Des missions incitent une communauté de citoyens à photographier, taguer, identifier et en apprendre plus sur la faune et la flore locale. Toutes ces données agrégées sont une précieuse aide apportée aux chercheurs et permettent d’établir une base de données qui peut être mise à jour en temps réel et qui est accessible par tous.

La motivation est importante dans ce type de jeux qui oeuvrent pour le bien commun. Une motivation qui prend parfois la forme de gratifications qui collent au plus prés des attentes des participants. Le Japon par exemple a eu une idée pour redorer son image, sinistrée après le passage du tsunami, et ainsi relancer le tourisme, en crise depuis la catastrophe.

Cliquer ici pour voir la vidéo.


Puisque les premières images sur  Google des terres dévastées pouvaient jouer en leur défaveur, des étudiants de la Berghs School of communication en Suède ont donné un coup de pouce à l’office du tourisme japonais. Il leur est apparu essentiel de redonner au pays une image attrayante. Quels meilleurs ambassadeurs pour le Japon si ce n’est les touristes qui y sont en visite ? Ils ont donc crée une application, « Post from Japan », à partir de laquelle les touristes peuvent télécharger leurs clichés du pays. Le but ? Encourager le partage de ces photos souvenir sur les réseaux sociaux en offrant du temps de connexion gratuit sur le réseau Wi-Fi du gouvernement. Et pour chaque like, l’utilisateur se voit offrir 3 minutes de connexion supplémentaire. Ingénieux quand on connait le tarif d’une connexion internet sur mobile à l’étranger. Une application qui permet de repousser chaque jour un peu plus les photos du désastre des premières pages de Google Image.

Par le truchement du jeu et de motivations extrinsèques, l’homme est donc capable, sans même aucune connaissance en la matière, de contribuer à des avancées dans de nombreux domaines, qu’ils soient scientifiques, sociaux, environnementaux ou autres. À l’avenir, des nouveaux systèmes pourront même permettre de tirer réellement profit d’une expérience, tout en contribuant massivement à améliorer la qualité de navigation sur le web. Avec Duolingo.com par exemple, disponible en version bêta, les utilisateurs peuvent apprendre une langue étrangère, gratuitement et par niveaux, tout en aidant à la traduction de pages web.


Illustrations et photos sous licences Creative Commons par Elirook et Wi_2Photography via Flickr

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Les data en forme http://owni.fr/2012/04/03/les-data-en-forme-episode26/ http://owni.fr/2012/04/03/les-data-en-forme-episode26/#comments Tue, 03 Apr 2012 21:58:35 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=104648 OWNI. Cette semaine, ils vous proposent un voyage au coeur des data contre vents et marées, avec une Terre qui tourne et des courants marins visualisés en temps réel. Mais aussi des données en 3D qui se promènent au plafond de Grand central station, à New York.]]> Amoureux de la donnée, sortez vos mouchoirs. On démarre ce nouvel opus des data en forme avec un projet fou, “Graphic World”, signé David Mc Candless et le quotidien économique Financial Times. Place au spectacle :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

 
Une gare, des data, du talent, le tour est joué et ça donne des frissons. Faire sortir les chiffres de nos écrans, les donner à voir au coeur d’un lieu aussi fréquenté que Grand Central Station à New York, surprendre les 750.000 passagers qui traversent cette salle chaque jour, un sacré pari. Surtout quand on y ajoute la possibilité de parcourir IRL les données avec une interface simple : nos pieds.

Le résultat est à la hauteur du défi, une série d’animations en 3D isométrique réparties sur trois thèmes : la place de l’économie Américaine dans le monde, l’importance de l’industrie du téléphone mobile et les chiffres positifs au coeur de la crise actuelle.

Pour ne rien gâcher, le site qui relaie l’opération est aussi sobre qu’efficace : contenus accessibles en un clic, jolie mise en forme CSS, vidéos contextualisées et liées à leur fil de discussion Facebook. Cette campagne du Financial Times qui met les data au cœur de la réflexion est une réussite. Seul bémol : son objectif en forme de croisade sous la bannière étoilée…

The US is still the world’s pre-eminent economic superpower – but to stay on top and thrive in the global arena, an in-depth understanding of the global marketplace is critical to the American business community.

Les data au bout des doigts

Restons dans le réel pour jouer avec ce que nous avons tous à portée de main : du papier. Sian Ching, designeuse et graphiste basée à Singapour, est une adepte du DIY. Avec des gabarits, une paire de ciseaux, de la colle et des feuilles aux couleurs intelligemment choisies, elle transforme en quelques heures des tableaux de données en infographies physiques.

Elle a notamment travaillé sur trois jeux de données avec ce principe : la répartition des groupes sanguins parmi les donneurs de Singapour, les réserves des trois principales sources d’énergie dans le monde et une comparaison de cinq causes de décès (le virus du Sida, la malaria, les suicides, l’alcool et les accidents de la route).

Pattern Matters

Le but du projet est double : mettre en avant le rôle essentiel du motif (et de sa répétition) dans tout travail graphique et offrir une source d’inspiration pour tout ceux qui s’intéressent au sujet. On la remercie.

Do it Toi-même !

Si vous n’êtes pas des adeptes des papier-colle-ciseaux mais que le principe de passer à l’action vous parle, causons “outils”. Le datablog du Guardian a publié la semaine dernière un article bien utile pour tous les (data-)journalistes et autres passionnés de la visualisation des données qui voudraient mettre les mains dans le cambouis.

Le généreux Simon Rogers y a listé les services en ligne les plus utilisés par ses équipes. Google Fusion Tables, Tableau, Many Eyes, les bases sont là avec les explications sur le “pourquoi du comment” à chaque fois. Un article à se garder toujours à portée de main car plus nous serons nombreux à les utiliser, plus de nouveaux outils verrons le jour, donc plus nous aurons de possibilités.

Nous y allons aussi de notre modeste contribution avec un nouveau venu parmi les outils de création de frise chronologique : Timeline. Ce projet, créé au sein du Knight News Innovation Lab, rappelle graphiquement Dipity, dans un esprit plus épuré et plus efficace mais c’est surtout son principe qui est innovant.

Ici, pas de compte à créer, pas d’interface graphique parfois chargée pour construire votre chronologie, vous récupérez simplement les différents fichiers du script sur GitHub, vous éditez le fichier .json contenant les données à afficher sur la frise chronologique, vous déposez le tout sur votre serveur (ou dans un dossier public Dropbox) et vous n’avez plus qu’à appeler le script dans l’une de vos pages pour afficher le résultat.

Il faut mettre les mains dans le code, c’est certain mais ce n’est pas aussi compliqué qu’il y parait et les fonctionnalités proposées par Timeline sont vraiment intéressantes : intégration de multiples sources (Twitter, YouTube, Vimeo, Soundcloud, Google Maps, Flickr), affichage pleine page, intégration des données à partir d’un modèle de feuille de calcul Google Documents, affichage sur les supports mobiles (smartphones, tablettes y compris Apple).

Enfin dernier point qui nous fait vraiment aimer ce projet : il est Open Source. À surveiller donc car, c’est certain, de nouvelles fonctionnalités verront rapidement le jour rendant l’outil encore plus performant.

Flux et reflux

Finissons cet épisode entre brises et courants. L’un des points fascinant du travail sur les données est d’arriver à rendre visible (et lisible) des informations qui ne le sont pas à l’origine. Ça l’est d’autant plus lorsque l’on arrive à faire ce travail sur des data qui nous entourent sans qu’on ne le sache.

C’est justement l’objet du dernier projet personnel de Fernanda Viégas et Martin Wattenberg. Modestement en charge du groupe de recherche “Big Picture vizualisation”, financé par Google, ils se sont amusés, sur leur temps libre, à visualiser les vents qui parcourent le territoire américain. En temps réel, bien sûr.

Le projet, intitulé “Wind Map”, offre un rendu visuellement fascinant. Son principe est si simple, pour ne pas dire évident, qu’il n’y a pas grand chose à en dire au-delà de son titre : une carte des vents. Elle est juste astucieusement construite avec les outils d’aujourd’hui. Les données utilisées, issues de l’organisme national de prévisions météorologiques, sont publiques et disponibles depuis longtemps. C’était là, sous nos yeux.

Sur un principe similaire, mais avec des moyens légèrement plus importants, la Nasa a mis sur son compte Flickr une vidéo intitulée “Perpetual Ocean” permettant de visualiser les courants océaniques. C’est le studio de visualisation scientifique maison qui a compilé un énorme flot de données produites par le projet ECCO2 pour obtenir un film d’une vingtaines de minutes visualisant ces flux et reflux entre juin 2005 et décembre 2007.

Là aussi, le résultat est assez hypnotique.

 
À regarder cette vidéo en boucle, on pense même à La nuit étoilée de l’ami Vincent, peut-être l’un des premiers datajournalistes sans le savoir.

À la semaine prochaine et n’oubliez pas, contrairement à la vérité, les données, elles, sont ici, autour de vous.

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Superbes images d’une éruption solaire http://owni.fr/2011/06/11/images-eruption-solaire-energie-satellite/ http://owni.fr/2011/06/11/images-eruption-solaire-energie-satellite/#comments Sat, 11 Jun 2011 08:36:18 +0000 Xavier Demeersman http://owni.fr/?p=67364

La spectaculaire éruption solaire du 7 juin 2011 a été capturée par différents satellites et observatoires du Soleil, multipliant ainsi les points de vue et les informations chères aux physiciens.

Le célèbre satellite SoHO qui a déjà couvert un cycle solaire (le précédent, cycle 23) a lui aussi livré ses images et vidéos de l’énorme éruption solaire. Sur la vidéo ci-dessous, ont peut découvrir l’éjection de masse coronale propulsant des particules solaires à des vitesses supérieures à 1 200, voire 1 600 kilomètres par seconde ! L’image est brouillée par la « déflagration » électro-magnétique, les particules heurtant le capteur.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Eruption solaire classe M 2.5 photographiée par SDO

Le satellite Solar Dynamics Observatory (SDO) a sans doute capturé les plus belles images de la gigantesque éruption solaire, fort de caméras observant à très haute résolution. Les détails sont à couper le souffle ! Cette éruption extraordinaire n’est, cependant, pas l’une des plus puissantes. Elle est, toutefois, diablement spectaculaire ! Les scientifiques estiment qu’elle s’est déployée dans un volume équivalent à 75 fois la taille de la Terre !

En vidéo ci-dessous, l’énorme éruption solaire enregistrée par SDO.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La pair de satellites STEREO A (Ahead) et B (Behind) offrent aux chercheurs une vue stéréoscopique sans équivalent de la couronne solaire. Latempête classée M 2.5 ne leur a évidemment pas échappée. Ainsi peut-on découvrir (et re-découvrir) l’éjection de masse coronale ou CME (Coronal Mass Ejection) qui a suivie l’éruption. Notre étoile, de la taille du cercle blanc au milieu du disque noir, est cachée par un coronographe afin de mieux discerner son environnement appelé couronne solaire. D’énormes quantités de particules solaires sont éjectées dans l’espace. Les images sont brouillées par les salves de vent solaires provenant de la violente tempête électro-magnétique ! Un effet qui peut très bien perturber tout système électrique et électronique sur Terre, selon l’intensité de la tempête.

CME photographiée par les satellites Stereo A et B (cliquez pour voir les vidéos)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Suivez l’activité solaire sur le site Solarham.

En découvrir plus sur la page de la NASA consacrée à cette spectaculaire éruption solaire.


Article initialement publié sur le Cosmographe.

Crédit photo et vidéo : NASA/SDO/SoHO/STEREO.

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Éruption solaire en images http://owni.fr/2011/06/09/eruption-solaire-en-images/ http://owni.fr/2011/06/09/eruption-solaire-en-images/#comments Thu, 09 Jun 2011 09:31:07 +0000 Xavier Demeersman http://owni.fr/?p=35116

La spectaculaire éruption solaire du 7 juin 2011 a été capturée par différents satellites et observatoires du Soleil, multipliant ainsi les points de vue et les informations chères aux physiciens.

Le célèbre satellite SoHO qui a déjà couvert un cycle solaire (le précédent, cycle 23) a lui aussi livré ses images et vidéos de l’énorme éruption solaire. Sur la vidéo ci-dessous, ont peut découvrir l’éjection de masse coronale propulsant des particules solaires à des vitesses supérieures à 1 200, voire 1 600 kilomètres par seconde ! L’image est brouillée par la « déflagration » électro-magnétique, les particules heurtant le capteur.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Eruption solaire classe M 2.5 photographiée par SDO

Le satellite Solar Dynamics Observatory (SDO) a sans doute capturé les plus belles images de la gigantesque éruption solaire, fort de caméras observant à très haute résolution. Les détails sont à couper le souffle ! Cette éruption extraordinaire n’est, cependant, pas l’une des plus puissantes. Elle est, toutefois, diablement spectaculaire ! Les scientifiques estiment qu’elle s’est déployée dans un volume équivalent à 75 fois la taille de la Terre !

En vidéo ci-dessous, l’énorme éruption solaire enregistrée par SDO.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La pair de satellites STEREO A (Ahead) et B (Behind) offrent aux chercheurs une vue stéréoscopique sans équivalent de la couronne solaire. Latempête classée M 2.5 ne leur a évidemment pas échappée. Ainsi peut-on découvrir (et re-découvrir) l’éjection de masse coronale ou CME (Coronal Mass Ejection) qui a suivie l’éruption. Notre étoile, de la taille du cercle blanc au milieu du disque noir, est cachée par un coronographe afin de mieux discerner son environnement appelé couronne solaire. D’énormes quantités de particules solaires sont éjectées dans l’espace. Les images sont brouillées par les salves de vent solaires provenant de la violente tempête électro-magnétique ! Un effet qui peut très bien perturber tout système électriques et électroniques sur Terre, selon l’intensité de la tempête.

CME photographiée par les satellites Stereo A et B (cliquez pour voir les vidéos)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Suivez l’activité solaire sur le site Solarham.

En découvrir plus sur la page de la NASA consacrée à cette spectaculaire éruption solaire.


Article initialement publié sur le Cosmographe.

Crédit photo et vidéo : NASA/SDO/SoHO/STEREO.

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La mort au trou http://owni.fr/2011/04/18/la-mort-au-trou-noir/ http://owni.fr/2011/04/18/la-mort-au-trou-noir/#comments Mon, 18 Apr 2011 14:55:55 +0000 Phil Plait http://owni.fr/?p=34590 J’ai récemment écrit sur un événement époustouflant : des astronomes capturant ce qui semble être les derniers moments de vie d’une étoile, alors qu’elle était littéralement déchiquetée par un trou noir.

La Nasa a récemment publié de nouvelles photos de l’événement, notamment capturées par le télescope Hubble.

Je sais, ça ne semble pas grand chose au premier coup d’œil. Mais rappelez-vous: vous êtes en train de regarder la mort violente d’une étoile, déchirée par la gravité d’un trou noir… et qui se déroule à 3,8 milliards d’années-lumières de là ! Soit à peu près 40,000,000,000,000,000,000,000 kilomètres; donc le fait de pouvoir le voir dans son intégralité est assez incroyable. Et terrifiant.

Sur l’image en fausse couleur d’Hubble, la galaxie et l’explosion sont signalées. A peu près tout ce que vous voyez sur la photo appartient à une galaxie lointaine, située à un milliard d’années-lumière de plus que le trou noir. Normalement, la galaxie active elle-même serait apparue comme un point, avec au mieux une espèce de nuée autour d’elle, la lueur de milliards d’étoiles étant réduite par l’incroyable distance. Mais la lumière mourante de l’astre a intensifié la lueur de la galaxie de beaucoup. De beaucoup plus.

L’image est une combinaison de lumière visible (blanche), d’ultraviolet (violet) et de rayons-X (jaune et rouge) de l’observatoire Swift de la Nasa, le satellite qui le premier a détecté l’explosion. Alors que les piques n’existent pas en vrai – ils sont juste la cause d’un effet d’optique créé par le télescope -, le cliché n’en évoque pas moins le drame que nous observons.

Et justement, que regardons-nous ?

La luminosité d’un milliard de milliards de Soleils !

Imaginez : ce qui aurait pu être une étoile normale, pas si différente du Soleil, était en orbite autour du centre de cette galaxie lointaine, très proche en réalité de son centre. Au cœur de chaque grosse galaxie repose un monstre: un trou noir supermassif qui pourrait avoir des millions voire des milliards de fois la masse du Soleil. Celui au cœur de cette galaxie sans nom pourrait avoir 500 000 fois la masse solaire.

La gravité d’un tel objet est féroce. Mais il y a pire : la force de la gravité s’affaiblit avec la distance. Cela peut ressembler au bon côté des choses – être plus loin du trou noir signifiant que sa gravité est réduite – mais en réalité, c’est ce qui a provoqué la destruction de cette étoile, car cette chute de puissance peut être très brutale pour un trou noir. Alors que l’étoile approchait de ce puits sans fond, le côté de l’étoile faisant face au tour noir était tiré loin du trou noir. Ce changement d’attraction a étiré l’étoile -cet étirement est appelé “marée” et c’est globalement la même chose qui provoque les marées sur la Terre sous l’effet de la gravité lunaire [ENG]… et quand l’étoile s’est baladée trop près du trou noir, la force de cette attraction est devenu irrésistible, dépassant sa propre gravité interne.

En un flash, l’étoile a été déchirée, et des octillions de tonnes de gaz ionisés ont été éjectés vers l’extérieur ! Cette matière dispersée tout autour du trou noir formant un disque de plasma appelée disque d’accrétion. Des champs magnétiques, frictions et turbulences ont surchauffé le plasma, et ont aussi généré des faisceaux de matière et d’énergie qui ont explosé les pôles du disque, les envoyant loin du trou noir lui-même. L’énergie stockée dans ces faisceaux est incroyable, bien au-delà de notre imagination: pendant un temps, ils auront brillé avec la luminosité d’un milliard de milliards de Soleils !

Au moment où cela s’est produit, le disque formé autour du trou noir nous faisait face, donc l’un de ces faisceaux était plus ou moins directement tourné vers nous. Si nous avions alors été dans cette galaxie, et dans le chemin de ce faisceau, et bien, la Terre aurait filé un mauvais coton. Mais avec une distance de près de quatre milliards d’années-lumière, la flash de lumière était à peine assez brillant pour être vu au travers de gros télescopes.

Et cet événement n’est pas fini. Alors que la matière tournoie autour du trou noir, les turbulences et d’autres forces à l’intérieur du disque forcent la luminosité à changer. Il y a eu plusieurs lueurs, et alors qu’elle s’estompait depuis quelques jours, soudainement le 3 avril dernier la luminosité globale a été multipliée par cinq. Les astronomes continueront donc à observer cet événement spectaculaire pendant quelques temps, certainement jusqu’à ce qu’il s’estompe complètement, hors de la portée de télescopes aussi puissants qu’Hubble.

Au fil des années j’ai étudié certains des événements les plus puissants de l’Univers: des étoiles qui explosent, des déchaînements de rayons gamma, des éruptions de magnétar. Ces souffles cosmiques sont tellement énormes qu’il est impossible de les saisir pleinement avec nos esprits malingres – les comprendre, d’accord, mais réellement les concevoir, non – et il me semble toujours incroyable que certaines choses, là-haut, puissent émettre des quantités d’énergie aussi dévastatrices.

Et je suis très content que cela se passe si loin !


Article initialement publié sur le blog de Discovery Magazine Bad Astronomy, sous le titre “Followup on the star torn apart by a black hole: Hubble picture” traduit par Andréa Fradin

Illustration FlickR CC: AttributionShare Alike thebadastronomer

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La bactérie incorporant de l’arsenic, une nouvelle forme de vie? http://owni.fr/2010/12/04/une-nouvelle-forme-de-vie-la-bacterie-incorporant-de-l%e2%80%99arsenic/ http://owni.fr/2010/12/04/une-nouvelle-forme-de-vie-la-bacterie-incorporant-de-l%e2%80%99arsenic/#comments Sat, 04 Dec 2010 14:12:11 +0000 Benjamin http://owni.fr/?p=33558 Titre original : Une bactérie remplace le phosphore par l’arsenic

Vous avez certainement eu vent d’une découverte récemment publiée dans Science, ayant trait aux bactéries et à l’évolution, que je me devais donc de relater dans ces pages, ainsi que le traitement étonnant qui en a été fait. Mais venons-en au fait : des chercheurs de la NASA ont identifié une bactérie capable d’incorporer de l’arsenic (As) à ses propres biomolécules en lieu et place du phosphore (P), dont il est chimiquement proche (ce qui explique au passage sa toxicité). L’étonnant n’est pas tant que la bactérie résiste à ce poison notoire, mais plutôt qu’elle arrive à se passer du phosphore, qui fait partie des quelques éléments majoritaires de la matière vivante, avec le carbone (C), l’oxygène (O), l’azote (N), le soufre (S) et l’hydrogène (H).

En effet, le phosphore est un composant essentiel des nucléotides, donc de l’ADN, de l’ARN et des petites molécules qui permettent les transferts d’énergie dans la cellule. Il participe également à la régulation de l’activité des protéines, sous forme de groupements phosphates qui se greffent sur ces dernières. Son effet sur la mémoire est plus discutable.

Comment mettre en évidence une propriété aussi fondamentale et inattendue que la substitution du phosphore par l’arsenic? Les chercheurs ont isolé des bactéries tirées des sédiments d’un lac salé, particulièrement riches en arsenic, pour les cultiver sur un milieu ne contenant que de l’arsenic et pas de phosphore, sélectionnant ainsi la propriété de substitution. Bravo! En bactériologie, quand on cherche, on trouve! La bactérie ainsi identifiée parvient à remplacer -presque totalement- le phosphore par l’arsenic dans son ADN ou dans ses protéines. Le changement de régime n’est pas sans conséquence pour la bactérie, qui devient un peu malade, grossit et se multiplie moins vite…

Mais tout de même, il s’agit d’une souplesse métabolique inédite, qui n’est probablement pas un accident, cette bactérie vivant dans un milieu riche en arsenic. Ces travaux soulèvent d’intéressantes perspectives en évolution (comment fonctionnaient les premiers métabolismes? comment un système aussi flexible a-t-il évolué?), mais aussi dans l’étude de la biodiversité : pour identifier de nouveaux organismes invisibles à l’oeil nu, on a recours à des techniques comme la PCR, qui présupposent un certain type de biologie (avec, au hasard, un ADN basé sur du phosphore). Désormais, lorsque l’on étudiera des environnement très originaux, on utilisera peut-être des techniques plus fastidieuses mais moins biaisées. Pour finir, la publication elle-même est assez courte, et je gage que les auteurs travaillent sur les mécanismes moléculaires et sur la séquence du génome, qui devrait leur valoir un ou deux Nature/Science de plus. Fait étrange, l’article ne contient pas une ligne sur les considérations exobiologiques qui ont fait bruisser Internet…

Mono Lake, Californie, où la NASA a découvert cette bactérie

La NASA a apparemment fait une certaine publicité à cette découverte (doux euphémisme), générant une certaine attente du public quant à la possibilité d’une vie sur d’autres planètes, ainsi que le soulignent mes camarades d’En Quête de Sciences. Pendant ce temps, sur le webcomic xkcd, on s’interroge au sujet des conséquences de cette attente sur la conférence de presse.

Pour ma part, j’aimerais que l’on abandonne cette perspective exobiologique, pour une simple raison : si l’on espère vraiment trouver une forme de vie extra-terrestre, il faudra faire des efforts d’imagination considérables, et ne pas avoir de préjugés comme « houla! ne cherchons pas sur cette planète, il n’y a pas de phosphore, que de l’arsenic! Pas de vie possible ici, en plus, c’est un poison bien connu! ». Les gars! Vous avez construit des fusées pour emmener l’homme sur la Lune et le ramener vivant, le tout à une époque préhistorique! Pas besoin d’une bactérie bien terrestre (qui préfère quand même le phosphore) pour chercher d’autres formes de vie sur d’autres planètes!

Ce n’est pas non plus la première fois que l’on spécule sur la substitution des éléments fondamentaux de la vie : je me rappelle d’un Science & Vie Junior de ma jeunesse (donc au siècle dernier) où il était question  d’une hypothétique forme de vie extraterrestre, , et dont la biochimie ne serait pas basée sur le carbone, mais sur le silicium, un élément aux propriétés voisines…. le tout accompagné d’une vue d’artiste de l’organisme en question, vaguement anguleux et insectoïde.

Laissez-moi vous faire part de quelques titres arrivés dans mon agrégateur de flux RSS :  »La vie comme nous ne la connaissions pas » (un titre facile à recycler),  »Une bactérie ouvre la voie à une cuisine alternative de la vie » (pourquoi pas),  »La Nasa laisse espérer une rencontre d’un nouveau type » (racoleur mais étrangement exact),  »Une forme de vie fondée sur l’arsenic » (un tout petit peu exagéré),  »Découverte d’une bactérie qui se nourrit d’arsenic » (pourquoi pas, mais le thème de la nourriture n’est pas des plus heureux). En particulier, la conclusion sur le site de France 24 fait un peu sourire :

Cette découverte permet d’établir une fois pour toutes que des formes de vie peuvent exister dans des environnements impropres à la survie de l’humanité. Cette bactérie constituerait la première preuve d’une forme de vie différente de la nôtre – une sorte d’évolution parallèle.

Pour en finir avec les variations sur le thème « une autre forme de vie », je rappelle tout de même qu’il s’agit d’une bactérie, faisant partie d’un phylum bien identifié (les gamma-Protéobactéries! le même qu’Escherichia coliwake up!), qu’elle est basée sur de l’ADN et des protéines, donc qu’elle fait partie de la grande famille du vivant que nous connaissons bien et qui descend probablement d’un unique ancêtre. Quant aux implications pour la recherche de la vie dans des milieux jugés inhospitaliers par pur anthropomorphisme, je ne vois rien de neuf depuis la découverte de l’anaérobiose, soit la vie en l’absence d’oxygène gazeux (1860?). Il existe bien des bactéries qui respirent l’arsenic! Bref, j’en ai r-As la casquette, et je ne veux même pas aller voir ce que ça donne sur Twitter.

Dans le fond, je dois être un rabat-joie ; quand il y a trop de buzz autour d’une publication (et souvent avant celle-ci), j’ai tendance à la trouver moins excitante! J’ai pas déjà écrit un truc sur les chercheurs qui en font trop?

Bonus : La vidéo faite par Science de la présentation de la découverte :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

>> Article initialement publié sur le Bacterioblog

>> Photos FlickR CC : NASA Goddard Photo and Video et NASA

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