OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Il pleut, il mouille, c’est la fête à la bidouille http://owni.fr/2012/11/20/il-pleut-il-mouille-cest-la-fete-a-la-bidouille/ http://owni.fr/2012/11/20/il-pleut-il-mouille-cest-la-fete-a-la-bidouille/#comments Tue, 20 Nov 2012 11:28:33 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=126241 Owni le premier chapitre provincial d'Open Bidouille Camp, deux mois à peine après la première édition parisienne. Plus de 1 000 personnes ont (re)découvert les joies de la bricole créative en mode collaboratif.]]>

Ils n’ont pas chômé les Bretons : ce samedi, ils ont organisé le second Open Bidouille Camp à Brest (OBCB) en partenariat avec Owni, soit deux petits mois après la première édition à Saint-Ouen (93) que nous avions co-organisé. Cet événement qui célèbre le bricolage et les savoirs-faire, Do It Yourself en anglais, sous sa forme traditionnelle ou boostée au numérique, a inspiré le jour-même ceux qui le suivaient à distance : “Cela a commencé avec des tweets le 22 septembre”, se souvient Antony Auffret, des Petits Débrouillards Bretagne, une association d’éducation populaire œuvrant en particulier dans les sciences.

“Les p’tits déb’”, comme on les appelle, nous ont très vite contacté et zou, c’était parti, d’autant plus vite que le terreau était déjà bien favorable :

Parce que des acteurs brestois agissent au quotidien dans les quartiers avec les habitants et qu’il convient de mettre en lumière ces pratiques. Parce la ville et le pays de Brest est déjà engagé depuis de nombreuses années dans l’appropriation sociale d’internet et de ces nouvelles formes de faire ensemble.

Quand nous, le collectif OBCB, avons vu l’évènement de Saint-Ouen et sa grande médiatisation sur le web, nous nous sommes dit que Brest avait toute légitimité pour être la deuxième ville de France à organiser un Open Bidouille Camp.

S’inscrivant dans la logique portée par la Ville illustrée par les 100 PAPIs qui maillent le territoire, le Forum des Usages Coopératifs, Brest en Bien Communs, l’Open Bidouille Camp s’adressera à toutes et tous.

Épaulés par l’Association des filières de l’électronique, de l’informatique et des télécoms (AFEIT), et la Maison du libre, les Petits Débrouillards ont rassemblé une vingtaine de stands dans le hall de la mairie. Soit autant que les Parisiens. Conformément à la philosophie d’OBC, l’événement était gratuit, entre autres grâce à une collecte sur la plate-forme de crowdfunding made in Bretagne Octopousse. En tout, plus de 1 000 personnes ont mis la main à la pâte, des jeunes, des moins jeunes, mais “peut-être pas assez de 15-25 ans”, note Antony. Autant de monde à cet endroit, “c’est rare”, souligne-t-il.

Conception de capteurs, impression 3D, fabrication de meubles design, récupération de composants électroniques, installation de logiciels libres, etc, les stands privilégiaient les ateliers pratiques. Mais pas encore assez au goût des organisateurs, et la place manquait. Du coup, ils voient plus grand pour la prochaine édition : “Nous aimerions louer un grand gymnase”, annonce Antony.

Et pourquoi pas sur un week-end, histoire que les tenanciers de stand en profitent aussi en tant que public et prennent davantage le temps d’échanger ? “Je n’ai pas vu donc la journée passer, témoigne bluedid29, “musicien bidouilleur” qui a fait un atelier logiciels libres, vers 17 heures après le rangement j’ai pu enfin faire un tour dans les ateliers et là c’était vraiment formidable toute cette créativité, ces bidouilles diverses, incroyables, que du bonheur :)”  “Super expérience c’était génial tout ça. Sur les ateliers, souvent une seule personne, a renchérit Arnaud de la Maison du libre sur la mailing list. C’est compliqué de faire une pause, de profiter de la fête. Il a manqué un moment où on boit un coup tous ensemble, soit on installe la veille et on mange ensemble, soit on range le lendemain, et du coup on bouffe ensemble le soir” .

Une édition printanière et automnale sont déjà dans les cartons. OBCB a ainsi déjà reçu l’invitation de Michel Briand, élu municipal en charge d’Internet et du multimédia, pour monter le camp pendant Brest en Biens Communs, en octobre. Et pour pérenniser cet “engouement populaire”, nos Bretons bidouilleurs ont bien l’intention de réfléchir aux différentes façons de s’inscrire dans le temps.


Photos d’Antony Auffret des petits débrouillards (cc) Voir le portfolio ici.
À voir aussi ce reportage sur Tebeo, la télévision locale.
Titre emprunté à Julie Le Goïc /-)

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Fête le vous-même ! http://owni.fr/2012/09/20/fete-le-vous-meme/ http://owni.fr/2012/09/20/fete-le-vous-meme/#comments Thu, 20 Sep 2012 13:55:21 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=119977 Owni organise ce samedi le premier Open Bidouille Camp, en partenariat avec la Cantine et Small Bang. Au menu, des ateliers pour mettre la main à la pâte et une conférence sur les enjeux politique, économique et sociaux de la fabrication personnelle. ]]>

C’est chouette les Maker Faire, pourquoi il n’y en a pas en France ?

Si ça nous botte, just do it !

Oui, mais à la française !

Voici en résumé la substantifique moelle des échanges qui nous ont conduit d’une discussion autour d’une bière avec des passionnés de bidouille/hacking/making/Do it yourself (DIY), à un événement bien réel : le premier Open Bidouille Camp, qui accueille le public ce samedi de 11 heures à 18 heures à Mains d’Œuvres à Saint-Ouen (93).

Co-organisé par Silicon Xperience/La Cantine et Smallbang, il proposera au grand public de se (re)lancer dans les joies du bricolage créatif,  à travers une série d’ateliers. Et le tout est gratuit, avec le soutien de nos sponsors Etsy, la Fonderie, Kiss Kiss Bank Bank, des donateurs de notre collecte sur la plate-forme de crowdfunding, qui a permis à Digitalarti de rejoindre les sponsors, sans oublier nos partenaires médias DailyMotion, le Mouv’ et l’Atelier des médias.

L’objectif et l’enjeu était clair, dès le début : faire un événement grand public, à l’image des Maker Faire, ces grands rassemblements à succès dédiés à la bidouille, nés aux États-Unis en 2006 et qui ont depuis essaimé. Dans ce sens, l’Open Bidouille Camp (OBC) espère apporter un élément de réponse aux questions que nous avions soulevées dans un article : “Le DIY se boboïse”. Nous y faisions le constat que les possibles ouverts par le numérique, tant sur les moyens à disposition que sur les capacités d’entraide et de partage propres à Internet, n’atteignent pas forcément les publics qui en ont le plus besoin. Qui dans les quartiers populaires sait ce qu’est un fab lab ? Pratique Arduino ? Partage ses plans d’impression 3D sur Thingiverse ?

“Oh je fais une étagère DIY”

L’utilisation du terme DIY est emblématique : ceux qui bidouillent, réparent, récupèrent, créent par nécessité ne disent pas “oh je fais une étagère DIY”. Ils font tout court, ils bricolent éventuellement, sans avoir un regard réflexif sur leurs pratiques.

Nous avons dans un premier temps pensé squatter la Fête de l’Humanité, en escomptant capter un peu de l’immense foule qu’elle draine. Et puis le clin d’œil à Marx nous amusait : les fab labs et autres hackerspaces ne permettent-ils pas de se réapproprier les outils de production ? Faute d’accord  – non motivé – des organisateurs, nous avons dû trouver un nouveau lieu qui respectât l’état d’esprit initial. Fuyant Paris et ses bobos (à l’exception de l’équipe organisatrice, qui ne peut échapper à elle-même), nous avons investi Mains d’Œuvres, un lieu bien connu des habitués de l’éducation populaire.

Le meilleur moyen d’inciter les gens à pratiquer, c’est de leur proposer de se lancer à travers des ateliers. En tout, une vingtaine d’associations ou collectifs ont accepté de poser leurs outils et logiciels, issus du monde du hacking, des fab labs, de la récupération, de l’informatique et même de la cuisine. Et, oui vous mettrez la main à la pâte aussi au sens propre du terme. Voici un échantillon des stands, et pour un descriptif plus complet et exhaustif, visitez le Tumblr de l’événement qui se remplit progressivement :

- la programmation, c’est compliqué ? Découvrez-là à travers des robots dansants LEGO Mindstorm, même les enfants peuvent s’y mettre.

- contre l’obsolescence programmée, cultivez l’art de la récup’ avec la Débrouille compagnie.

- la voiture, c’est pô pratique et ça pollue, le Velib, c’est fatigant à Ménilmontant, alors vive le vélo électrique. Antoine Sachs, de la chronique sans carbone, est un adepte du biclou à batterie. Peut-être repartirez-vous avec le vôtre ?

Papa hacke le capitalisme

Parce que cette bidouille en mutation est un extraordinaire terrain de réflexion politique, économique et sociale, nous avons glissé entre deux ateliers un temps pour débattre de ces enjeux. Un terrain potentiellement révolutionnaire, à l’image de la position d’Adrian Bowyer, le créateur de la RepRap, une imprimante 3D grand public autoréplicante (elle peut fabriquer ses propres pièces) :

Je peux imaginer un collectif de dix familles qui vont ensemble dans un village utiliser leur imprimante 3D domestique durant une semaine pour imprimer les dessins de la voiture d’une des familles, téléchargés d’un site open-source. D’un coup, il n’y a plus d’industrie de la voiture. »

Moins extrêmes, certains s’insèrent davantage dans l’économie “classique”, en la mâtinant plus ou moins des valeurs de partage et d’ouverture. Quand ce n’est pas les entreprises traditionnelles qui viennent à ce nouvel écosystème.

Trois invités seront présents pour remettre ces enjeux en perspective et répondre aux questions du public. Fondatrice du blog Ecoloinfo, Anne-Sophie Novel vient de publier Vive la co-révolution, avec Stéphane Riot. Enseignant-chercheur à la Sorbonne, Mathieu O’Neil est rédacteur en chef du Journal of Peer Production, une revue en ligne traitant des nouveaux modes de production collaboratifs. Spécialiste du hacking, le chercheur suédois Johan Soderberg a publié entre autres une thèse, “Du Free software à l’open hardware : théorie critique sur les frontières du hacking”, et “Hacker le capitalisme – Le mouvement de l’open source et du logiciel libre”.

Et comme toute cette effervescence manuelle et intellectuelle demande de l’énergie, nous avons prévu quelques caisses de Club-Mate, la boisson énergisante favorite des hackers, et des gâteaux faits maison bien sûr !

Soutenez l’Open Bidouille Camp en participant à notre collecte Kiss Kiss Bank Bank !


Illustrations [CC-by-nc-sa] de Loguy Batonboys /-) S.A.V par Cédric Audinot et photos par Ophelia Noor ~~~~=:)
Un évènement organisé par Owni (Sabine Blanc, Andréa Fradin, Ophelia Noor), Silicon Xperience-La Cantine (Hélène Girard, Nirina Thibault), Smallbang (Eva Moari, Pierre Cattan).

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Made in ma bibliothèque http://owni.fr/2012/07/10/made-in-my-bibliotheque/ http://owni.fr/2012/07/10/made-in-my-bibliotheque/#comments Tue, 10 Jul 2012 09:47:33 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=115778

Entrailles de MakerBot par Bre Pettis -cc-

Début juillet, la bibliothèque de la petite ville de Westport aux États-Unis a inauguré un nouvel espace. De nouveaux fauteuils plus confortables ? Non, un makerspace, ces lieux où les gens fabriquent des objets.  Quelques mois plus tôt, la Fayetteville Free Library (FFL) avait, la première, entamé ce projet, avec son fabulous laboratory, un clin d’œil aux fabrication laboratories du MIT, un concept similaire mais avec des contraintes.

Ces deux initiatives augurent d’une évolution du rôle des bibliothèques. Après avoir facilité l’accès à Internet et aux outils médiatiques, elles se mettent à accompagner leurs publics dans leurs envies de création. En mai, un symposium intitulé de façon éloquente “Made in a Library” y a même été consacré, à l’initiative de l’Online Computer Library Center (OCLC) et  du Library Journal. Genèse de cette mue par Lauren Britton Smedley, “directrice du développement translittéraire” (sic), à l’origine de l’idée :

J’ai d’abord appris sur l’impression 3D dans un cours intitulé “innovation dans les bibliothèques publiques” à l’université de Syracuse, où je travaillais mon master en sciences de l’information et des bibliothèques. J’ai écrit un projet de fab lab ou de makerspace dans une bibliothèque publique… Sue Considine (la directrice exécutive de la FFL, NDLR) a aimé l’idée et m’a embauchée pour la mettre en œuvre à la FFL.

Les bibliothèques publiques sont là pour fournir un accès libre et ouvert à l’information, aux technologies et aux idées. Construire un makerspace (ce que nous appelons un Fabulous Laboratory) à la FFL offrira à notre communauté la possibilité d’avoir un accès à cette technologie qui change le monde.

Aider les usagers à créer

20 commandements pour une société autofabriquée

20 commandements pour une société autofabriquée

Pour accompagner la révolution des FabLabs, permettant à chacun de produire des objets grâce à des imprimantes 3D et ...

La technologie en question, c’est la fabrication numérique, ce processus par lequel on transforme des plans conçus sur un ordinateur en des objets bien tangibles, en s’aidant de machines-outils assistées par ordinateur : imprimante 3D, fraiseuse, découpe laser, etc. Celle qui démultiplie les possibilités offertes par la bidouille, le DIY (Do It Yourself). C’est le “from bits to atom” (des bits aux atomes), que certains considèrent comme la prochaine révolution industrielle.

Une révolution qui touche aussi les individus dans leur capacité à créer en fonction de leurs envies, grâce à la démocratisation des outils et à la puissance (potentielle) de partage et d’entraide d’Internet. Aux États-Unis, c’est un véritable phénomène de société, incarnée par le mouvement des makers, qui exalte l’inventivité personnelle. Maxine Bleiweis, le directeur de la bibliothèque de Westport, est fier que son établissement monte en pionnier dans ce train  :

C’est une tendance nationale que vous allez voir balayer le pays et vous voyez ici un de ses tout premiers lieux.

Le lieu du fablab de Fayetteville encore en travaux en janvier 2012 -cc-Theron Trowbridge

Cette révolution s’effectue en douceur dans les makerspaces, hackerspaces, fab labs et autres techshops, en plein essor depuis quelques années. Les ponts se sont créés, naturellement, détaille Lauren Britton :

Je travaille et j’échange avec beaucoup de makerspaces à travers le pays. Et aussi quelques hackerspaces. Par exemple, Bre Pettis, de NYCResistor, un des créateurs de la MakerBot (un modèle d’imprimante 3D grand public open source très populaire, NDLR). Nous avons eu beaucoup de conversations sur ce qui trouve sa place dans un makerspace de ce type.

Et d’autres gens des makerspaces de Detroit, et j’ai beaucoup lu dessus… Il faut à la fois répondre aux besoins de la communauté et toucher les gens qui ont fait cela avant.

Service public et €€

Aux États-Unis, cette implémentation se justifie d’autant plus que lesdits espaces ont souvent un accès (cher) payant, contrairement à la France, alors que les bibliothèques publiques offrent leurs services pour un abonnement modique. Toutefois, le concept n’est pas dénué de considérations entrepreneuriales. À la FFL, le fab lab côtoiera… un centre d’affaires. Le tout forme un “creation lab” dévoilé fin juin, qui soulève certaines espérances si l’on en croit le montant de la bourse accordée par le sénateur de l’État de New York : 250 000 dollars. Les entrepreneurs du coin pourront donc venir, gratuitement aussi pour le moment et dans la mesure du possible, le business model n’étant pas fixé.

Cette fonction d’incubateur de start-up est devenue classique dans ce type d’espace. Elle remonte en fait à la belle époque des hackers de hardware. Comme le rappelait Dale Dougherty, le héraut de la communauté des makers, Apple est né dans un club d’informatique qui préfigurait les hackerspaces, le célèbre Homebrew Computer Club.

À en juger les nombreuses sollicitations reçues par Lauren Britton Smedley, les makerspaces devraient fleurir dans les bibliothèques américaines. En revanche en France, il faudra attendre un peu. Apparemment, seule la médiathèque de Toulouse a fait un pas dans ce sens. Fin juin, le temps d’une journée spéciale, le fab lab Artilect et le hackerspace Tetalab avaient posé leurs imprimantes 3D.  Avec un certain succès.


Photos de la Fayetteville Free Library par Theron Trowbridge (cc-bync) et entrailles de la MakerBot par Bre Pettis (cc-bync)

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Les beaux jours des hackers http://owni.fr/2012/05/13/les-beaux-jours-des-hackers/ http://owni.fr/2012/05/13/les-beaux-jours-des-hackers/#comments Sun, 13 May 2012 13:23:56 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=107642

(1) Le fablab "Faclab" de l'université de Cergy-Pontoise, (2) Le Chaos Communication Camp à Berlin en août 2011, (3/4) le festival THSF (Tetalab Hackerspace Festival) de Toulouse en mai 2011 (cc) Ophelia Noor pour Owni

Enfant, tu faisais des robots avec des moteurs de voiture radiocommandée et des sauts en plastique sur la plage de Mimisan-les-bons-barbecues ? Ado, tu as mixé des planches à voile et des scooters des mers pour traverser la baie de Lou-Paradisou-les-Pins même quand la météo marine annonçait un vent de force nullissime ?

Alors adulte, tu t’épanouiras dans un des festivals français organisés par la communauté des hackers. Tu pourras même y emmener tes enfants, pour qu’ils découvrent les joies de la bidouille créative. Parmi les activités prévues : des ateliers drone, robotique, vélo, la construction d’un four solaire, du brassage de bière, des pirate boxes, etc.

OWNI a dressé une première liste non exhaustive des festivals qui courent du printemps jusqu’à septembre, envoyez-nous d’autres références à sabine@owni.fr. Nous supprimons ceux déjà passés au fur et à mesure.

Nous avons rajouté Haxogreen car le Luxembourg, c’est la porte d’à côté.


Photographies par Ophelia Noor pour Owni

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Outils numériques artisanalement modifiés http://owni.fr/2011/09/27/outils-numeriques-artisanalement-modifies/ http://owni.fr/2011/09/27/outils-numeriques-artisanalement-modifies/#comments Tue, 27 Sep 2011 10:05:33 +0000 Sophie Fetro http://owni.fr/?p=81099 Un phénomène notoire est en train de se développer avec le numérique : la fabrication de la part des designers de leurs propres outils et protocoles de production. Tandis que le designer est dans une large mesure associé à un concepteur, celui qui imagine et fait projet, voilà qu’il se met à élaborer des machines « maison » et à bidouiller les programmes qui vont les piloter. En effet, depuis quelques années, plusieurs designers se tournent vers la création artisanale de machines à commandes numériques. À travers elles, ils se plongent au cœur des logiques de production et s’immiscent dans le paramétrage des machines.

Dès lors, comment interpréter ce phénomène ? Les technologies existantes en viendraient-elles à faire défaut, au point que les designers éprouvent le besoin de fabriquer leurs propres outils de production et systèmes de pilotage ?

On peut émettre l’hypothèse d’une insatisfaction de la part des designers des systèmes productifs existants, les poussant à mettre la main à la pâte et à endosser des activités qui initialement relèvent davantage du bricolage, de l’artisanat et de l’ingénierie que du design.

Le développement des fab labs (Fabrication Laboratories, ces lieux citoyens dédiés au partage d’outils de fabrication et de production) à travers le monde va dans ce sens en court-circuitant les réseaux de grande production industrielle.

Pour la plupart d’entre eux, le but est d’encourager un service de proximité et la créativité des individus en proposant à n’importe qui, designer ou non, d’utiliser des technologies qui habituellement sont du ressort de l’industrie.

Les fab labs : un idéal démocratique qui se concrétise ?

Le Fab Lab mis au point par Studio Lo est un peu spécifique puisqu’il a donné lieu à la création d’une machine à commande numérique transportable. Fabriqué artisanalement à l’aide de pièces détachées, cet assistant industriel du nom de FabBot a été pensé pour offrir des possibilités de production différentes des commandes numériques industrielles lourdes et difficiles d’accès pour le grand public.

Fondé sur le principe du « file to factory », littéralement « du fichier à l’usine », FabBot fonctionne à l’aide d’un programme qu’il faut alimenter en informations. Les designers qui ont répondu à l’appel à projet lancé par Studio Lo et ARS LONGA ont avant tout mis au point et transmis un document informatique afin de guider la commande numérique dans ses découpes et ses usinages.

Ce laboratoire mobile, qui en est encore au stade de l’expérimentation, pose les bases d’un possible rapprochement du public et de l’industrie. Bravant les frontières des circuits de production et de consommation de masse, le fab lab ainsi que le Mag/Lab (magasin laboratoire) mobile de Studio Lo peuvent trouver diverses applications : aide à la personne, service de proximité, dépannage, sur-mesure, production de petites séries ou de pièces uniques, etc. Ce que l’industrie généralement rechigne à réaliser, car peu rentable à l’échelle de la production industrielle de masse, trouve, par le biais de ce type d’initiative, les moyens de se développer.

Des technologies de pointe à disposition du particulier

Cette approche de l’industrie témoigne d’une possible interaction du public et des designers avec les outils de production. À l’opposé des usines entièrement robotisées, ces initiatives démontrent qu’une conception de la robotique ne s’accompagne pas nécessairement d’une mise à l’écart de l’être humain.

Ce type de démarche, qui n’équivaut pas à un plaidoyer pour une automatisation complète de la chaîne de production, s’appuie en réalité sur un idéal de proximité, de régulation et d’interaction entre l’homme et la machine. Le développement d’usines de proximité coïncide en effet avec l’envie d’encourager les individus à intervenir sur la production et leur environnement de façon locale en étant actif et non simple consommateur de technologies. Idéal pour minimiser les coûts et les temps de fabrication des petites productions, améliorer le travail de finition et la qualité des usinages, les fab labs présentent de nombreux avantages sur le plan de la production à l’échelle du particulier, mais c’est surtout sur le plan humain, créatif et social que ces dispositifs s’avèrent les plus bénéfiques et salutaires.

Paramétrages et programmations « maison »

Qu’il s’agisse de la fabrication de machines-outils numériques ou de leur utilisation, ces démarches impliquent tout un travail de paramétrage et de calcul, en particulier ce que l’on appelle dans le langage spécialisé le scripting. Il s’agit pour les designers et architectes avant tout de travailler à partir de logiciels existants et d’entrer dans le langage codé des programmes informatiques. Marc Fornes, architecte français installé aux États Unis, s’est spécialisé dans la conception et l’expérimentation numérique. Les pavillons qu’il conçoit avec son équipe Theverymany [en] sont le résultat d’un minutieux travail de programmation.

Ici, il n’est pas tellement question d’inventer de nouvelles machines, comme le fait Studio Lo, mais de concevoir des pilotes ou des langages enclins à piloter ces machines, d’utiliser et de détourner les programmes afin de permettre une pensée globale du projet d’architecture : solutions techniques relatives aux modes d’assemblage, aux jonctions et à l’articulation des différents éléments, patronage des différentes pièces, calcul des forces, optimisation de la matière première utilisée.

Exposé au centre Pompidou, le pavillon *Y/Struc/Surf. témoigne d’une conception entièrement paramétrique de l’architecture. La logique constructive suit les informations entrées dans le programme. Les règles du jeu définies préalablement ne sont toutefois pas arrêtées, chaque pavillon-sculpture étant en soi un prototype permettant de penser et de concevoir le suivant.

Cette façon de procéder mentalement et mathématiquement, en passant très peu par le dessin, entraîne une pensée de l’architecture spécifique. Dans le travail de Marc Fornes, il en résulte une logique structurelle spécifique, faite de l’assemblage d’une multiplicité de pièces toutes différentes qui s’additionnent comme un puzzle géant. Réunies par des rivets, les pièces en aluminium anodisé forment un tout auto-tendant parfaitement rigide et solide.

Le designer : informaticien, hacker, mathématicien, ingénieur ou artisan ?

Ce type d’approche interroge l’identité même du designer et de l’architecte. L’utilisation de programmes spécifiques, le travail de programmation, la maîtrise du langage informatique impliquent des connaissances poussées aussi bien en mathématiques qu’en informatique ou en robotique. C’est alors leurs champs de compétence qui s’élargissent à mesure que les programmes se diversifient et que les possibilités de production et de pilotage assisté numériquement se multiplient. C’est donc aussi l’enseignement de ces disciplines artistiques qui sera prochainement amené à évoluer. Assurément, un dépoussiérage des métiers et des pratiques se fait jour.

D’autres façons de penser les formes

Le travail de programmation et l’invention de machines par les designers et architectes conduisent à d’autres pensées de la forme fondées sur des principes tels que les variables, la multiplicité, l’indétermination. De nouvelles possibilités voient le jour, aussi bien constructives que dans le rapport à la production et à la consommation. Les machines et commandes numériques prévues pour réaliser des actions multiples – solidification ou sécrétion de matière, perforation, découpe selon des axes différents, traçage, déplacement et positionnement d’éléments – entraînent des logiques de conception, et, par là même, un imaginaire de conception spécifiques. Il ne s’agit plus de penser le dessin général d’une forme, mais d’écrire des lignes de code (scripts et algorithmes), de mettre au point de véritables programmes informatiques de production et de pilotage des machines permettant de définir le cheminement d’un outil dans l’espace ainsi que le comportement et les déformations de la matière.

Ce sont ainsi autant la façon dont le design est produit que ses modes de conception qui se trouvent bouleversés. Les technologies font évoluer les pratiques, tandis que l’imagination des concepteurs s’infléchit à leur contact. Un double mouvement s’opère : les concepteurs poussent dans leurs retranchements les machines et les programmes jusqu’à les modifier tandis que les programmes et les machines alimentent et stimulent l’imagination des designers, ouvrant de nouvelles perspectives, en termes de conception des formes, mise en forme de la matière, organisation du travail et possibilités productives.

Les machines exposées, le process valorisé

Autre fait remarquable : avec le numérique, les machines s’exposent.

Généralement affaire de spécialistes, objet de multiples protections, la machine ne s’expose guère et reste le plus souvent dans l’ombre de l’objet produit. Comme une vieille habitude héritée de l’artisanat et des corporations (secrets d’atelier), renforcée par le lobbying industriel, la peur de l’espionnage industriel et de la copie, les savoir-faire et les outils de production sont peu montrés au public.

Pourtant, depuis quelque temps, différents automates numériques sont exposés à l’occasion de salons, de foires et d’expositions de design. Les objets résultant de leurs opérations ne sont pas seuls à attirer les regards. La machine et son fonctionnement se donnent à voir au grand jour, volant presque la vedette à ce qui est produit. Il s’ensuit une exposition technologique qui participe d’un imaginaire mécanique où la machine fait l’objet de diverses spéculations inventives.

Les designers se mettent donc à rêver leurs propres outils de conception et de production, non pas uniquement les objets qui vont résulter d’une production industrielle et d’une technique, mais la façon de les concevoir et de les produire. Ainsi, ce n’est pas seulement l’objet de la production que les designers interrogent et paramètrent, définissent et conçoivent, mais le process, c’est-à-dire l’ensemble des opérations qui permettent la concrétisation d’un dessein, d’un projet.

Tel est notamment le cas de L’Artisan électronique, conçu par le studio de design belge Unfold et Tim Knapen [en]. Commanditée par le centre d’art Z33 [en] pour l’exposition « Design by Performance » à Hasselt en Belgique (2010), cette machine propose aux visiteurs de modeler virtuellement leurs propres poteries. Proche d’une imprimante 3D, ce tour de potier numérique s’appuie pourtant sur un principe artisanal simple qui consiste à superposer des colombins d’argile. Combiné à un scanner et un logiciel de modélisation, il permet d’imprimer en trois dimensions les formes modelées virtuellement par les visiteurs.

Visible également à l’occasion de la dernière biennale internationale de design de Saint-Étienne, l’installation relève avant tout du dispositif didactique. Cet outil de production numérique permet ainsi d’apprécier le degré de technicité d’une époque et constitue une sorte de trait d’union et d’outil de compréhension entre des techniques traditionnelles connues du grand public et les technologies fondées sur la solidarisation de matière par stratification de type imprimante 3D et stéréolithographie. Aussi, son intérêt réside peut-être moins dans les objets produits que dans sa capacité à donner à voir et à comprendre le principe d’interopérabilité ainsi que les possibles liens et continuités entre savoir-faire artisanaux et technologies de pointe.

Le designer et la machine : emprise ou autonomie ?

Avec le développement des machines pilotées numériquement, la fascination opère lorsque le robot exécute parfaitement une tâche plus précisément que ne le saurait le faire un artisan, un bricoleur averti ou un ouvrier spécialisé ; mieux, lorsqu’il parvient à faire ce que l’homme ne parvient pas à faire de façon simplement outillée. Si les robots peuvent forcer l’admiration, la crainte d’une domination de l’homme par la machine continue d’être plus que jamais présente.

Cette peur d’un renversement de contrôle qui se joue dès les débuts de l’industrie, incarnée au cinéma avec dérision par Charlie Chaplin dans Les Temps modernes, ou de façon plus inquiétante à travers le pilote automatique HAL 9000 prenant le contrôle de la station orbitale dans 2001 : l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, constitue d’ailleurs dans l’inconscient collectif l’un des écueils emblématiques de l’imaginaire technologique.

Si réaliser un parfait automate, celui qui pourrait se passer de l’être humain pour fonctionner seul, constitue l’une des possibles motivations et conséquences de la robotique, la création d’automates numériques pour les designers pourrait davantage équivaloir à un rêve d’autonomie et de plus grande indépendance créative.

En parvenant à créer leurs propres machines et modes de pilotage, à gauchir et à corriger les paramétrages d’usine, les designers tentent de s’affranchir du système productif actuel et de penser dans sa totalité la chaîne de production : de la conception à la diffusion, en passant par la fabrication.

Cette fabrique alternative, en parallèle des circuits existants, signifie que les systèmes de production ne sont pas totalement verrouillés et qu’une forme d’autoproduction est possible ; autoproduction qui n’équivaut pas à un simple bricolage du dimanche, mais possède toute la technicité et la qualité d’une production d’usine.

Pour les designers, l’enjeu est de taille puisqu’il s’agit de veiller à garder la main et l’esprit sur la machine, cette main dont l’action semble pourtant réduite avec les systèmes de pilotage automatisé.

En s’affranchissant des paramétrages d’usine, les designers font le pari de ne pas subir les verrouillages imposés par les systèmes de production de masse. Sorte d’hommage à la débrouillardise, à l’autonomie et à l’indépendance, ces démarches témoignent ainsi d’une forme de dissidence productive, une façon tactique d’appartenir à un système stratégique sans toutefois s’y soumettre entièrement.

Billet initialement publié sur Strabic dans le cadre de la saison 3 sur les imaginaires technologiques

Images de Charles Beauté pour les éditions extraordinaires ; image via Flickr, bre pettis [cc-by-nc]

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Imprimer le réel à portée de main http://owni.fr/2011/09/15/imprimer-le-reel-a-portee-de-main/ http://owni.fr/2011/09/15/imprimer-le-reel-a-portee-de-main/#comments Thu, 15 Sep 2011 07:12:45 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=78679

Fin août, MakerBot Industries, un des principaux fabricants d’imprimante 3D grand public, a levé [en] 10 millions de dollars. À ses débuts en 2009, la société avait 75.000 dollars en poche. Dans son tour de table, Jeff Bezos, un des fondateurs d’Amazon. La petite entreprise y croit : l’impression 3D va connaître une destinée similaire au PC, devenir un outil grand public, et MakerBot Industries compte bien s’en donner les moyens :

Nous embauchons pour faire grossir notre équipe et démocratiser la fabrication et rendre l’impression 3D plus accessible à tout le monde !

Signe des temps : la société HP vient elle aussi d’annoncer [en] le lancement d’une imprimante/scan 3D… Les modèles pour l’industrie se sont répandus à partir du début des années 2000 et restent très chers, minimum 10.000 euros. Depuis, des modèles pour les particuliers ont été développés : les plus courants sont la RepRap [en], open source et auto-replicante, c’est-à-dire capable de fabriquer ses propres pièces, et la MakerBot qui, lancée en 2009 à environ 1.000 dollars pièce, a été vendue à 5.200 exemplaires à ce jour.

Elles vous permettent de construire des objets physiques à partir d’un modèle virtuel, conçu grâce à un logiciel de conception assistée par ordinateur (CAO). Pièce de remplacement, jouet, article de cuisine, les possibilités sont infinies, selon vos besoins. Pour un petit aperçu, jetez un coup d’œil à la page « objets populaires » de Thingiverse, lancé par MakerBot pour rassembler cette communauté. Les imprimantes 3D ont la part belle dans les fab labs (fabrication laboratory), un concept créé par Neil Gershenfeld, professeur au MIT. Il s’agit de véritables mini-usines capables de produire des objets complexes à la demande.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Se lancer est aujourd’hui une affaire de geek : des passionnés, adeptes du Do-It-Yourself (DIY, fais-le toi-même), qui fréquentent les makerspaces, hackerspaces et autres fab labs, ces lieux de rencontre physique des passionnés de la bidouille. Ils ont la foi des pionniers du PC et leur démarche peut être politique : en démocratisant la fabrication personnelle, ce néo-artisanat remet en cause le circuit traditionnel de production-distribution. Avant que Mme Michu ne soit convaincue, il faudra abattre un certain nombre d’obstacles plus ou moins coriaces.

Une technique à parfaire

« Toutes les machines ont un ticket d’entrée de compétences relativement élevé, prévient Emmanuelle Roux, qui monte un projet de Fab Lab à l’université de Cergy-Pontoise, et heureuse propriétaire d’une MakerBot. Je vois mal tout le monde posséder une MakerBot à la maison, c’est très tricky (tordu), je l’adore mais il faut être patient avec elle. » Et pourtant, les MakerBot sont vendues préassemblées. Que dire alors de la RepRap, qu’il faut construire soi-même… Adrian Bowyer [en], l’inventeur de la RepRap, ingénieur et mathématicien de son métier nous résume la situation actuelle :

Pour l’instant, les coûteuses machines propriétaires sont faciles à monter et à utiliser et les machines opensource bon marché comme RepRap sont plus difficiles. C’est surtout un problème de logiciel, et beaucoup de gens travaillent à l’améliorer, ce point est en train d’être résolu.

De plus, les matériaux utilisés sont limités, il s’agit essentiellement du plastique, ce qui limite les usages. « En dépit des avancées récentes, nous sommes probablement à une décennie ou plus avant des imprimantes 3D que tout individu sur la planète voudra posséder, estime [en] Singularity Hub. Quand ils peuvent produire de l’électronique, du tissu et du métal, il n’y aura pas un ménage aux États-Unis qui n’aura pas très envie d’une imprimante 3D. Longtemps avant d’en arriver là, nous avons besoin d’une compagnie qui puisse transformer les outils dans autant de mains technophiles que possible, de sorte que la technologie puisse se développer aux côtés d’une communauté qui inventera des applications (rentables ?) en même temps qu’elle évolue. »

De plus, la fabrication est longue, comme le détaillait au Monde Clément Moreau, cofondateur de Sculpteo, une société française qui fait de l’impression 3D :

« C’est le principal inconvénient de cette technologie : elle prend du temps. Il faut compter environ une heure par centimètre. En revanche, la qualité des objets produits a fait de très grands progrès : on peut aujourd’hui créer des objets solides, avec un très bon degré de précision, et réaliser des formes qui seraient très difficiles à produire avec une machine-outil classique. »


La caverne aux machines de MakerBot Industries : ça fait un peu peur encore.

La bataille juridique

Michael Weinberg, de l’association Public Knowledge [en], a publié l’année dernière un livre blanc [fr], « L’impression 3D, ce sera formidable… s’ils ne foutent pas tout en l’air ! ». « Ils », ce sont les représentants de l’oligarchie qui redoutent le développement de cette « technologie de rupture » et vont tenter de freiner son développement en s’appuyant sur la propriété intellectuelle. Il se rejouerait la même lutte que celle qui oppose encore les internautes aux industries culturelles, avec un potentiel de points d’achoppement plus nombreux : droit d’auteur mais aussi brevet, marque déposée, etc. Pour reprendre Ars Technica [en], un Napster bis serait en préparation, du nom de ce service d’échanges de fichiers, fermé suite aux plaintes de l’industrie musicale pour violation du droit d’auteur en 2001. À moins que les citoyens retiennent les leçons du passé, explique Michael Weinberg :

« Quand l’oligarchie a commencé à comprendre à quel point l’utilisation d’ordinateurs personnels pouvait être perturbatrice (en particulier les ordinateurs personnels massivement connectés), les lobbys se sont organisés à Washington D.C. pour protéger leur pouvoir. Se rassemblant sous la bannière de la lutte contre le piratage et le vol, ils ont fait passer des lois comme le Digital Millennium Copyright Act (DMCA) qui a rendu plus difficile l’utilisation nouvelle et innovante des ordinateurs. En réponse, le public a redécouvert des termes autrefois obscurs comme le « fair use » et s’est mobilisé avec vigueur pour défendre son droit à discuter, créer et innover. [...] L’un des objectifs poursuivis par ce livre blanc est de sensibiliser la communauté de l’impression 3D, et le public dans son ensemble, avant que l’oligarchie ne tente de paralyser l’impression 3D à l’aide de lois restrictives sur la propriété intellectuelle. En analysant ces lois, en comprenant pourquoi certaines modifications pourraient avoir un impact négatif sur l’avenir de l’impression 3D, nous serons prêts, cette fois-ci, quand l’oligarchie convoquera le Congrès. »

Michael Weinberg se dit « raisonnablement optimiste » sur l’issu de cette bataille, nous expliquant :

Je préfèrerais être dans la position de protéger les conditions légales existantes, plutôt que d’être dans celle de devoir les changer.

Pour Adrian Bowyer, l’aspect juridique n’est même pas un « problème significatif. La seule arme réelle dans l’arsenal de l’oligarchie industrielle serait de faire du lobby pour changer les lois sur la propriété intellectuelle. Cela prendrait beaucoup de temps – les machines 3D open source auront pris le dessus sur les machines de l’oligarchie industrielle bien avant que les gouvernements du monde agissent (si jamais ils le font.)

De plus, ce serait un contrôle faible. RepRap en particulier peut être distribué par les individus sans impliquer une structure centralisée ou une entreprises. L’expérience de l’industrie de la musique avec le format de fichier MP3 montre que c’est un phénomène sur lequel la loi ne peut avoir pratiquement aucun contrôle.

Troisième point, chaque imprimante 3D faite par l’oligarchie industrielle peut fabriquer des RepRaps. Mais les RepRaps ne feront pas les machines de l’industrie oligarchique. Les imprimantes 3D non-réplicantes sont stériles et ne font pas leurs propres enfants mais elles sont fertiles en concevant des RepRaps. Les RepRaps sont fertiles en concevant des RepRaps. Vous comprenez ce que cela produit à la dynamique de la population… »

Une masse suffisante de parents aura-t-elle envie de fabriquer les jouets de ses enfants ?

Au fait, la demande sera-t-elle là ?

Premier échelon, même s’il est possible de concevoir et d’imprimer à bas goût et facilement, Mme Michu ne se sent pas une âme de créatrice et/ou n’a pas envie de passer du temps à chercher un patron en 3D qui lui conviennent, et les objets à fabriquer ne sont somme toute pas légion : on n’a pas besoin de 150 vases dans une maison. Bre Pettis, co-fondateur de Maker Bot, est conscient du défi qui les attend :

Notre plus grand challenge est d’éveiller les consciences. Nous faisons de notre mieux pour que les gens sachent qu’ils peuvent posséder une machine qui peut faire quasiment tout.

Si le message ne passe pas, une utilisation partagée se développerait, sans pénétrer chaque foyer. Il existe déjà actuellement des services d’impression 3D. « Les gens qui ont besoin de créer des objets comme les artistes ou les designers en auront une », pense Antonin Fourneau, enseignant à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD). Son école va ainsi s’équiper d’une Maker Bot, en complément de l’imprimante 3D « haut de gamme ».

On verrait aussi le développement de fab labs de quartier, pour les projets de plus grande envergure, de la même façon que vous allez chez Ikéa acheter votre armoire Ingmar. Barcelone a ainsi exprimé la volonté de devenir la première Fab city avec 10 fab labs répartis dans chaque quartier contre quatre actuellement [pdf, en].

Pour d’autres, les usages suivront la technique, à plus ou moins long terme : « Je pense que nous verrons un jour où les imprimantes 3D seront en vente dans les magasins d’électroniques courants à côté des TV et des lave-vaisselle, mais cela ne se passera peut-être pas ou cela prendra du temps. Je me souviens que les premiers PC n’étaient pas très sophistiqués mais la combinaison de l’accessibilité et de l’enthousiasme ont amélioré lentement leur utilité pour les gens à la maison, explique Michael Weinberg. Si en 1992, après vous avoir décrit l’essentiel de l’ordinateur en réseau, quelqu’un vous avait demandé à quoi cela pourrait servir, vous n’auriez probablement pas cité Facebook, Twitter ou SETI@Home. »

« Prenons l’exemple de la voiture, le tuning se développe énormément, les fabricants sont obligés de proposer des accessoires à la demande, et amènent eux-mêmes la possibilité de choisir la couleur de tes sièges, etc. Il n’y a pas encore vraiment de création car l’outil adéquat n’existe pas, renchérit Emmanuelle Roux. Quand on parle des projets, quel que soit le public, l’argument qui fonctionne le plus, c’est l’envie de personnalisation, faire les objets à une taille donnée parce qu’on a une configuration particulière ou simplement décorer comme on le souhaite. Si on prend le boum des arts créatifs, cela va continuer, si on apporte une technologie qui ne demande pas d’être un ingénieur en électronique. »

Adrian Bowyer croit davantage non pas au potentiel créatif de M. tout le monde mais en son potentiel politique : mettre à bas la vieille industrie. Il ne s’agit plus de se limiter à la fabrication des jouets de son enfant :

« Imaginez une agriculture dans laquelle toutes les innovations génétiques et de reproduction ne seraient pas issues des grandes compagnies avec des brevets mais par les fermiers eux-mêmes, et libres pour tous. La production de nourriture et autres produits agricoles seraient complètement transformée. RepRap fait la même chose pour les produits manufacturés : non seulement la machine elle-même se développe et est modifiée sans cesse mais il en va de même avec les produits faits.

Et finalement ces produits pourront être considérés comme des biens manufacturés de tous types…. Je peux imaginer un collectif de dix familles qui vont ensemble dans un village utiliser leur imprimante 3D domestique durant une semaine pour imprimer les dessins d’une de la voiture d’une des familles, téléchargés d’un site open-source. D’un coup, il n’y a plus d’industrie de la voiture. »

L’imaginaire s’envole vers des horizons révolutionnaires :

Plus personne ne fait appel à une société d’impression pour faire des cartons d’invitation pour une fête, ils utilisent leur imprimante. Maintenant imaginez un monde ou presque tous ces produits conçus par des ingénieurs sont comme ces cartons d’invitation…

Retrouvez les autres articles du dossier FabLab

Les Fab Lab incubateurs du futur

La Grand Emprunt booste les Fab Labs

Image de une par Ophelia Noor pour Owni /-)

Rendez-vous : FabLab Toulouse Conference du 20 au 23 octobre prochain.

À lire en anglais : 34 Rules, le dernier roman de Charles Stross met en scène un personnage qui fait des contrefaçons en 3D. Un roman d’anticipation, pas de science-fiction :)

Images Cc Flickr PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales Ѕolo, PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification Laughing Squid et PaternitéPartage selon les Conditions Initiales Alexandre Dulaunoy

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Naypyidaw ou la dictature par l’urbanisme http://owni.fr/2011/06/22/naypyidaw-ou-la-dictature-par-lurbanisme/ http://owni.fr/2011/06/22/naypyidaw-ou-la-dictature-par-lurbanisme/#comments Wed, 22 Jun 2011 11:05:57 +0000 Pierre Cattan & Maria Concetta Sangrigoli http://owni.fr/?p=71117 Le 6 novembre 2005 à 6h37 du matin [en], la junte décide de déplacer la capitale Rangoon à Naypyidaw sur le conseil d’astrologues. Quelques jours plus tard, le 11 novembre 2005, 11 ministères, 11 bataillons et 1100 camions militaires se dirigent vers la nouvelle capitale, au milieu de la jungle à 300 km au nord. Des milliers de fonctionnaires birmans sont obligés, du jour au lendemain, de partir vivre dans cette ville immense et vide, au fin fond de la jungle birmane.

Pierre Cattan, producteur du webdocumentaire Happy World et Maria Concetta Sangrigoli, architecte et urbaniste, vous proposent de découvrir cette ville orwellienne en 6 tableaux.

Un peu d’histoire

Pourquoi transférer la capitale ?

Alors… Pourquoi transférer la capitale ?

Une ville démesurée

Une ville organisée par zones


Illustrations Jérôme Gonçalvès, avec Antoine Errasti
Publié initialement sur le site du webdocumentaire Happy World sous le titre, Naypyidaw parano: quand une junte paranoïaque construit une capitale

Retrouvez notre dossier dictature Birmane sur Owni.fr et en anglais sur Owni.eu

Interview: Happy World, Birmanie la dictature de l’absurde
L’opposition birmane dans le monde et l’application interactive
Birmanie, l’internet dangereusement civilisé

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